Le Centre d’Information, de Formation et d’Etudes sur le Budget (CIFOEB) a, pour la 11ème fois, sacrifié à la tradition en consacrant une journée entière à des réflexions pour une meilleure gouvernance des ressources économiques et financières. Tenue le 08 novembre 2019 sous le thème « le défi sécuritaire et son impact sur les budgets publics », cette journée a connu un succès éclatant au regard de la mobilisation des acteurs autour des thématiques développées et des débats suscités à l’issue des communications. L’innovation majeure pour cette édition a été l’évaluation de la transparence budgétaire de l’Etat burkinabè à 48,21 sur 100 ainsi que la célébration du mérite à travers la remise du prix de la transparence budgétaire aux trois communes qui s’y sont illustrées. La journée a été clôturée par une remise d’un mémorandum au représentant du Ministère de l’Economie, des Finances et du Développement (MINEFID) pour une gouvernance économique et financière suffisamment bonne au Burkina Faso. La cérémonie d’ouverture a été présidée par Dr Seydou Dao, Président du Conseil d’Administration du CIFOEB, en présence de Youssouf OUATTARA, Directeur Exécutif du CIFOEB et de Anne SIMONSEN, représentante des Partenaires techniques et financiers au présidium.
La journée CIFOEB sur la bonne gouvernance économique et financière est devenue un rituel auquel sacrifie chaque année le Centre pour poser le débat sur les problématiques du moment en matière de gestion des ressources publiques. Cette année, elle se tient dans un contexte particulier de crise sécuritaire qui affecte dangereusement la mobilisation des recettes, et amène à s’interroger sur l’efficacité et l’efficience des dépenses de la sécurité et de la défense. C’est pourquoi les sous-thèmes suivants ont été retenus : mobiliser les ressources dans un contexte d’insécurité : problématique et enjeux ; dépenses sécuritaires et transparence budgétaire. Un troisième portant sur l’état de la transparence budgétaire au Burkina Faso a également été développé.

Les communications de la journée
Le contenu de la première communication a été livré par Sayouba SAWADOGO de la Direction Générale des Impôts (DGI). Selon lui, des difficultés de recouvrement des impôts dans certaines provinces de l’Est, du Sahel, du Centre-Nord et du Nord du pays existent certes, mais la situation générale des finances publiques n’est pas encore alarmante. Pour optimiser la mobilisation des recettes en ces temps de crise, M. SAWADOGO propose entre autres, la mise en place d’une administration fiscale moderne et performante, le recours aux télé-procédures, la mobilisation optimale des recettes fiscales dans les zones saines, l’institution d’impôts ou l’affectation de recettes fiscales pour soutenir la lutte contre le terrorisme et les communes rurales en difficulté (mécanisme de solidarité), la prise de mesures de soutien aux entreprises en difficultés ou situées dans les zones touchées.
Le deuxième thème a été décortiqué par Urbain MILLOGO de l’Autorité Supérieure de Contrôle d’Etat et de Lutte contre la Corruption (ASCE-LC). Il a mis en lumière les limites du contrôle de la gestion des ressources sécuritaires par les institutions de contrôle. « Le contrôle exercé par l’ASCE ne peut porter atteinte au secret militaire. Il ne concerne que la gestion administrative et financière des services de l’armée ainsi que les établissements qui en dépendent », explique-t-il. C’est pourquoi, préconise-t-il, il est temps de rendre opérationnel et professionnel l’Inspection Générale des Forces Armées Nationales (IGFAN), et l’Inspection Technique des Services de la sécurité (ITS/SECU), seules structures de contrôle/d’audit interne pour un meilleur contrôle de l’efficacité et de l’efficience des ressources allouées au FDS. Ces différentes communications ont suscité beaucoup de réactions en termes de contributions, d’interrogations sur la mobilisation et l’utilisation saine des finances publiques, révélatrices de cette soif de transparence dans la gestion des ressources publiques chez les participants composés de responsables de communes, de représentants d’OSC, de l’administration publique et privée…
La troisième communication a été assurée par Youssouf OUATTARA, Directeur Exécutif du CIFOEB. Il s’est attardé sur la nouvelle trouvaille du CIFOEB qu’est l’indice de mesure de la transparence budgétaire, cet outil développé grâce à l’appui de son partenaire, la Banque Mondiale à travers le PGEPC. Il s’agit d’un instrument d’évaluation du niveau de transparence budgétaire au Burkina Faso, tant au niveau de l’Etat que des collectivités territoriales pour contribuer à l’amélioration des indicateurs en la matière, explique-t-il. Les domaines d’évaluation au niveau national sont axés sur l’accessibilité aux informations budgétaires, la fiabilité du budget, la participation du public à la gestion des finances publiques, le contrôle budgétaire interne et externe (CC, AN, ASCE-LC), la gouvernance financière publique. 48,21/100, c’est la note attribuée au Burkina Faso en termes de l’application de l’indice transparence budgétaire du CIFOEB. Une note en deçà de la moyenne qui vient rappeler que beaucoup d’efforts restent à faire en la matière. Au niveau communal, les mêmes indices ont servi à l’évaluation des communes pilotes, excepté celui du contrôle budgétaire interne et externe (CC, AN, ASCE-LC).
La commune de Fada N’Gourma, sacrée gagnante du grand prix de la transparence budgétaire locale
Dans la soirée du 08 novembre, après les brillantes communications, place à la célébration de l’excellence. Le CIFOEB a primé trois (3) communes. Il s’agit d’un grand prix de la transparence budgétaire décerné à la commune de Fada N’Gourma pour ses efforts dans le renforcement de la transparence budgétaire. Le deuxième prix est revenu à la commune de Dédougou et le troisième à celle de Bobo Dioulasso. Chaque prix est composé chacun d’un trophée sur lequel est gravée une loupe, symbole du contrôle citoyen, grossissant les courbes de l’évolution budgétaire qui indique la corrélation entre transparence budgétaire et croissance économique. A cela s’ajoute un appui à hauteur de 200 000 FCFA pour chacune des communes méritantes en soutien à la journée de reddition des comptes qu’elles organisent chaque année ainsi qu’une attestation de mérite. C’est une première expérience réalisée avec 5 communes pilotes qui va s’étendre à d’autres communes au regard de l’engouement autour de l’activité.

Remise d’un mémorandum au Ministère des Finances, de l’Economie et du Développement (MINEFID)
La 11ème édition de la journée CIFOEB sur la bonne gouvernance économique et financière a fermé ses portes par une remise d’un mémorandum au représentant du Ministère de l’Economie, des Finances et du Développement (MINEFID), Célestin Santéré SANON, pour une gouvernance économique et financière suffisamment bonne au Burkina Faso. C’est un document d’interpellation, de plaidoyer, dans lequel sont consignées des recommandations du CIFOEB pour une meilleure gouvernance économique et financière au Burkina Faso. La balle est donc dans le camp du gouvernement. Rendez-vous est donc pris pour 2020 à la 12ème journée CIFOEB !
Edwige NIKIEMA/ZONGO