Le Centre d’Information, de Formation et d’Etudes sur le Budget (CIFOEB) a commandité une étude pour analyser les allocations budgétaires de l’Etat du secteur de la sécurité et de la défense en vue d’interroger leur efficacité et efficience dans le contexte actuel d’insécurité. La restitution de ce rapport financé par DANIDA a eu lieu le mardi 17 septembre 2019 à Ouagadougou sous la présidence de Monsieur Dramane SEMDE, Vice-président du conseil d’administration du CIFOEB et représentant le Président du conseil d’administration. C’était en présence de Monsieur Youssouf Ouattara, Directeur exécutif du CIFOEB et de Monsieur Lucien OUEDRAOGO, représentant le partenaire financier au présidium.
Le budget alloué par l’Etat aux départements ministériels des Forces de défenses et de sécurité (FDS) a longtemps constitué un sujet tabou au nom du sacré ‘’secret défense’’. Or, la bonne gouvernance économique et financière commande une gestion transparente des fonds alloués à ces deux secteurs surtout dans ce contexte particulier d’insécurité que vit le Burkina Faso au cours des trois (3) dernières années. Convaincu de cela, le CIFOEB a commandité une étude d’analyse budgétaire globale du secteur de la sécurité et la défense pour connaitre les caractéristiques des dépenses et mesurer leur niveau d’efficacité et d’efficience.
Une hausse des allocations budgétaires qui cache pourtant des insuffisances
Les résultats de cette étude indiquent une hausse des allocations budgétaires globales de la défense de 2016 à 2019. «En effet, les allocations du ministère de la défense ont progressé en moyenne de 25,84% contre 2,08% pour la période 2013-2015 et 12,86% sur la période 2010-2012. L’année 2018 a connu la hausse la plus importante des allocations budgétaires du ministère de la défense de 48,98%.», note le rapport. Cette progression va crescendo avec une prévision d’allocation de 209,73 milliards de FCFA correspondant à une augmentation de 23,41% par rapport à 2018. Cette forte hausse est liée à la dégradation du contexte sécuritaire burkinabè qui oblige l’Etat à renforcer davantage les capacités opérationnelles des forces de défense pour faire face au terrorisme. Cependant, même si ces efforts budgétaires sont forts encourageants, il n’en demeure pas moins que la part du budget de la défense dans le budget national soit inscrit parmi les plus faibles en comparaison aux autres pays du G5 sahel. «En effet, selon les données de countryeconomy.com, pour l’année 2018, la part du budget de la défense dans le budget national ressort à 8,01% contre 14,64% pour le Tchad et 14,29% pour le Mali. Le Burkina Faso reste donc le pays du G5 Sahel dont la part du budget alloué à la défense est la plus faible», précise le rapport.
S’agissant des allocations budgétaires de la sécurité, elles sont également en nette progression : 57,54 milliards de FCFA en 2016 contre 72,01 milliards de FCFA en 2018, soit un taux de croissance annuel moyen de 12,28%. Comme la défense, le budget de la sécurité connait une augmentation ces dernières années bien que sa part dans le budget national apparait relativement faible comparativement à celui de la défense. De 2,96% en 2016 elle est passée à 3,07% en 2017 puis à 3,25% en 2018 et prévoit se situer à 4,32% en 2019.
L’étude a également mis en évidence les insuffisances en termes de dotation matérielle des FDS. Elles se traduisent par la faiblesse quantitative et qualitative des ressources matérielles, la mauvaise répartition des équipements entre les services, etc. En termes de ressources humaines, le rapport indexe la mauvaise répartition des FDS dans les régions, la faiblesse du ratio agent de sécurité par région, l’inadaptation des formations au contexte actuel. Le rapport indique également que la part des dépenses du personnel de la sécurité a augmenté par rapport à celle allouée aux investissements qui est en baisse, contrairement à la défense. Aussi, en termes de couverture du territoire en service de sécurité, la cible risque de ne pas être atteinte en 2020. « En 9 ans, l’Etat a doté 36 communes qui n’étaient pas couvertes en services de sécurité alors qu’il était prévu de réaliser en 5 ans des services de sécurité pour 156 communes qui n’en disposaient pas déjà », révèle l’étude.
Les résultats de cette étude, serviront de base à des actions de plaidoyer auprès de l’Etat et de l’assemblée nationale pour la conduite d’une enquête parlementaire dans le secteur de la sécurité et de la défense en vue d’une meilleure allocation et une gestion efficace et efficiente des ressources allouées.
NIKIEMA/ZONGO Edwige